Les professeures de Nadar C. Olivette (Anglais) et K.  Chartier (Eco-Gestion) ont découvert le système pédagogique écossais lors d’un séjour du 13 au 14 décembre 2018 au sein de la Linwood High School, dans la région de Glasgow, en Ecosse.

« Un système orienté vers l’accompagnement de l’élève »
Karine Charthier, professeure d’Eco-Gestion au lycée Nadar

Nous nous envolons le mercredi 12 décembre à 14 h 10 pour Glasgow où nous arrivons à 14 h 55. Dès la descente de l’avion, une ambiance de Noël est omniprésente. Partout dans l’aéroport, des décorations de Noël, des vendeurs qui portent des pulls et des bonnets de Noël, des passants avec des serre-têtes « bois de renne » ; il règne partout une ambiance de fête.

Nous prenons un taxi pour nous rendre à notre hôtel, à Johnstone, à 20 minutes environ de l’aéroport et 15 minutes de Linwood High School. Un hôtel très « british », avec là encore une décoration de Noël digne de films. Je ressens un réel dépaysement et reste très impressionnée par cette ambiance et le personnel de l’hôtel, qui, lui aussi, porte tenue de soirée, bonnet et/ou pull de Noël.

Durant ces deux jours, nous avons petit-déjeuné et dîné à l’hôtel, où le restaurant sert des plats typiques écossais. Ces plats, que j’ai eu l’occasion de goûter, sont très fins, alors que je m’attendais à manger du fish and chips. Une serveuse écossaise m’a expliqué que la tradition culinaire écossaise date de l’époque où la reine Marie Stuart, française d’origine, est arrivée en Écosse.

Les Ecossais parlent vite, avec un accent très prononcé et j’ai besoin d’un petit temps d’adaptation. Je me raccroche à tous les mots que je connais pour comprendre mais les écossais sont très compréhensifs et vraiment très agréables. Nous avons rencontré de nombreuses personnes qui ont toujours été à notre écoute et nous ont aidées, aussi bien dans la rue pour nous orienter, que dans les bus, le lycée et les quelques magasins où nous sommes allées.

Le lycée Linwood High School se situe à Linwood, à 15 minutes de Glasgow. Nous y arrivons à 9 heures du matin. C’est un bâtiment moderne et imposant. La première chose qui nous frappe, c’est qu’il n’est pas fermé, les grilles sont ouvertes. Nous devons néanmoins nous faire connaître à l’accueil, mais nous sentons un lycée ouvert et agréable. Nous sommes accueillies par Mmes Gillian Macartney, proviseure, et Gail Cowan, proviseure-adjointe et professeure. Elles nous reçoivent très chaleureusement, nous présentent leur établissement puis nous donnent notre planning. Le lycée a prévu, avec l’équipe de professeurs et les différents dispositifs inclus dans le lycée, un programme détaillé permettant d’avoir un aperçu complet du fonctionnement de l’établissement. Gail Cowan est chargée de nous accompagner durant ces deux jours.

Les élèves ont cours de 8h50 à 14h50 les lundis, mardis et jeudis et de 8h50 à 14h00 les mercredis et vendredis.  Ils ont 45 minutes pour déjeuner le midi. Il n’y a pas de cantine à proprement parler, il y a un petit self dans une salle polyvalente qui sert pour les bals de Noël, les promos et les diverses cérémonies. Ce self propose des tomato beans, des boulettes de viandes, des sandwichs et des boissons, principalement des sodas. Peu d’élèves se nourrissent en achetant au self. Ils sont issus en majorité des quartiers aux alentours, qui sont principalement des quartiers défavorisés, et la plupart amènent leurs propres repas, souvent composés de chips, de barres chocolatées et de sodas. Le lycée est un établissement calme, où les élèves semblent bien, heureux. Ils circulent calmement dans les couloirs, même en dehors des cours, et abordent les adultes très simplement.

Le lycée accueille des élèves de la 6e à la Terminale. Tous portent un uniforme, présenté dans le hall du lycée. Linwood High School inclut un dispositif pour les jeunes autistes ou en situation de handicap mental, un dispositif type ULIS pour les élèves éprouvant des troubles des apprentissages, une pastorale (le lycée est pourtant un établissement public), le Pupil Support. Ce qui frappe plus particulièrement, dès le départ, c’est que l’élève est au centre du système.

Nous visitons tout d’abord le dispositif pour les jeunes en situation de handicap mental ou autistique. C’est une unité composée de trois salles : une salle de cours, une salle de repos/pause avec des canapés aux couleurs chatoyantes et une petite salle vitrée au milieu, qui sert à recevoir les parents, aux réunions de l’équipe et au travail de préparation des professeurs et où sont affichés tous les emplois du temps. Ce dispositif est composé d’enseignants et de personnes éducatives qui sont formées et spécialisées dans l’accompagnement des jeunes adolescents différents. Ils établissent l’emploi du temps, en fonction de la situation de chaque élève, avec le jeune lui-même, ses parents et, pour les élèves qui sortent du 1er cycle, les enseignants du primaire. Leurs élèves peuvent être intégrés dans certaines classes ou n’être accueillis qu’au sein de ce dispositif. Ce travail est réévalué chaque année afin d’adapter au mieux la scolarité aux besoins de chaque individu.

Afin de ne pas perturber les jeunes et provoquer des situations de crise, les élèves devant rejoindre une classe circulent dans les couloirs avant la sonnerie pour éviter la foule d’élèves. Les jeunes inclus dans ce dispositif sont accompagnés dans leurs apprentissages scolaires, mais aussi dans l’apprentissage de l’autonomie, de la vie quotidienne (tenir ses comptes, s’organiser, tout simplement se déplacer, etc.). Ces élèves sont suivis et accompagnés par un enseignant « tuteur » dans leur vie quotidienne et/ou professionnelle pendant deux ans après leur sortie du lycée.

Nous découvrons le dispositif pour les élèves relevant de troubles des apprentissages. Il est constitué de trois salles. La première est aménagée avec des espaces de travail individuels permettant aux professeurs de travailler et à certains élèves de s’isoler. Dans la deuxième salle on trouve de très nombreux jeux de société pédagogiques, des livres, des décorations faites par les élèves et les professeurs, des outils pédagogiques et psychologiques, des tables rondes avec leurs chaises, des canapés, des plantes. Des élèves sont assis en train de jouer ou de lire, assistés ou non par une enseignante.  Dans cette salle, il y a aussi un grand tableau en liège où sont accrochés des étiquettes indiquant des« états émotionnels ». Enfin, la troisième salle est composée de tables et de chaises de cours disposées en ilots avec autour des ordinateurs, un paper board et un tableau numérique. Les élèves qui sont présents avec leur enseignante travaillent l’orthographe avec des ardoises effaçables. L’enseignante dicte des mots et les élèves se corrigent entre eux et s’auto-évaluent. Après cette activité, l’enseignante leur demande de réaliser des jeux sur les ordinateurs. Elle nous explique qu’elle utilise souvent les jeux informatiques pour faire travailler les compétences d’anglais par ses élèves ; le lycée utilise quelques jeux gratuits, mais la plupart ont été achetés.

Ces salles n’accueillent pas seulement les jeunes ayant des troubles des apprentissages mais aussi des élèves rencontrant des difficultés, passagères ou non, des troubles de l’anxiété, psychologiques, etc. Nous avons participé à une séance de jeu avec trois jeunes filles timides et renfermées. La professeure travaillait avec elles la confiance en l’autre et la communication. J’ai pu réaliser un exercice avec une jeune fille : les yeux bandés, j’ai dû me diriger dans la classe en suivant les consignes orales de la jeune fille. Ensuite, nous avons joué  avec elles à un jeu qui favorise l’extériorisation et oblige les élèves à s’exprimer sur leurs émotions et sur eux-mêmes.

Le tableau avec les émotions a attiré notre attention. L’enseignante nous a expliqué qu’ici on accueille aussi les élèves rencontrant des difficultés passagères, comme en cas de divorce des parents, de problèmes liés au chômage des parents, ou simplement de difficultés liées à l’adolescence, etc. En cas de conflit avec un professeur en classe, l’élève peut sortir de classe pour venir rejoindre ce lieu et se calmer. Les enseignants partent du postulat qu’il n’est pas constructif d’essayer de discuter lorsque les deux parties sont énervées et que si les élèves rencontrent en plus des difficultés familiales ou personnelles, cela ne se résoudra pas ainsi. L’élève qui sort de sa classe pour rejoindre le dispositif peut, s’il le souhaite, parler et, s’il préfère se calmer seul, en jouant, en lisant ou simplement en se posant, il peut prendre sur le tableau des émotions une étiquette qui correspond à son état émotionnel et l’adulte sait qu’il doit lui laisser un moment. Le système scolaire écossais (et cela se note vraiment dans le lycée Linwood High School qui a saisi toutes ces opportunités) a développé un dispositif basé sur le bien-être de l’individu en prenant en compte les personnalités.

Nous avons pu aussi assister à différents cours. Les élèves ont tous une formation générale en mathématiques, anglais, histoire et géographie, physique/chimie, SVT. Au fur et à mesure de leur scolarité, ils construisent leur parcours en choisissant mathématiques renforcés ou non, anglais renforcé ou non, etc. Par ailleurs, ils ont des cours optionnels, auxquels ils peuvent s’inscrire dès la classe de 6e, qui leur permettent de choisir une orientation ou simplement de développer de nouvelles compétences. Ces matières sont optionnelles mais comptent néanmoins pour l’obtention de leur diplôme final. Nous avons eu accès aux salles de musique, avec orchestre classique, groupes de musiques actuelles, mais aussi studio et apprentissage des musiques sur ordinateur. Il y a aussi des ateliers et des cours d’ébénisterie, de mécanique, d’horticulture avec verger, potager et espace de plantation de fleurs, des cours de cuisine, de business, etc. L’offre de formation proposée aux élèves est très large et variée.

Nous avons pu assister à un cours de mathématiques : les élèves sont chacun à leur place, ils peuvent se déplacer dans la classe sans aucun problème. Ils réalisent des exercices et les corrigent ensuite avec leur professeur au tableau. Les cours ressemblent aux cours qui sont dispensés en France. Dans la classe, il y a avait une jeune étudiante, future professeure de mathématiques. Elle vient quelques jours par semaine en stage et assiste la professeure et aide les élèves ; elle circule dans les rangs et intervient dès que besoin. Nous avons assisté à un cours d’histoire pendant lequel les élèves apprenaient l’histoire du droit de vote des femmes en Grande-Bretagne et plus particulièrement en Écosse. Le cours était un cours descendant, le professeur lisait le manuel et commentait parfois les textes et les élèves prenaient des notes.

Nous avons pu assister aussi à un cours d’horticulture. Les élèves de 3e nettoyaient les pots pour préparer les futures plantations, en musique, et chacun avait sa tasse et pouvait s’il le souhaitait se faire un café ou un chocolat chaud, dans la mesure où il nettoyait et rangeait sa tasse à la fin du cours. Le cours était très libre et les élèves blaguaient avec la professeure, mais le travail était très sérieux.

En conclusion, je dirais que le système scolaire écossais est très orienté vers l’individu et l’accompagnement de l’élève. Chaque diplômé est accompagné après la sortie du lycée par un professeur « tuteur », pendant au moins un an, soit pour l’aider à trouver son premier emploi, soit dans sa poursuite d’études. Ce tutorat peut-être une bonne chose mais, comme pour toute disposition, Gail nous a expliqué que certains parents ou jeunes se reposaient entièrement sur le système et le corps enseignant. Peu d’élèves poursuivent des études, leur baccalauréat suffit pour trouver du travail. En revanche, pour les élèves qui poursuivent des études supérieures, celles-ci sont gratuites en Écosse. Nous avons pu discuter avec des élèves de Terminale qui nous ont aussi dit que, malgré toutes ces dispositions, le système ne convenait pas à tous les élèves et que, en dépit de tous ces efforts, certains sortaient encore sans diplôme.

L’aspect pédagogique est laissé à l’appréciation de chaque professeur, qui peut aussi bien faire un cours descendant qu’un cours interactif ou informatique. L’équipement des salles de classe est le même que le nôtre mais la force de ce système pédagogique est vraiment l’accompagnement de l’individu, qui apporte une sérénité à une majorité d’élèves. Le programme scolaire écossais est accessible sur le site du gouvernement écossais et Barry McKenna, le DHT Office (chargé du suivi des élèves), nous a conseillé la lecture du livre suivant : « When adults change, everything changes ».


« This European Program enabled me to discover how some important educational issues can be dealt with »
Carole Olivette, professeure d’Anglais au lycée Nadar

I went to Scotland to observe a few lessons in a High school, called Linwood, in the suburbs of Glasgow, for two days.

With my colleague we were warmly welcomed by Gail Cowan, the Depute Head Teacher of Linwood who enabled us to observe how the school deals with some teenage issues such as dyslexia, autism, and other psychological or behavioural problems, among other lessons.

We saw that there were many measures implemented, such as psychological help, listening, helping students facing emotional issues etc.

Two different places were used to welcome and support teenagers with issues : the Kintyre base (for heavy issues such as autism.) and the learning centre, aiming at helping the students with learning, emotional or behavioural issues.

In the Kintyre base, small groups of students were formed and were given a specific timetable, which goes with their issues. They are given lessons by teachers who  would follow them along with special needs assistants, until the age of 22. They even were assisted by people working for the Job Centre, to get an apprenticeship or a qualification when they leave school.

The learning centre was implemented around the work already done by the Kintyre Base, which was there before the new school building was built. The head and teachers decided to set up a three rooms dedicated to dealing with teenage learning or emotional problems: a team of people are there permanently to welcome, support and help the students either by proposing an alternative to their issues: games, relaxation, listening, activities (etc) or by providing a peaceful place for them to get rid of their anxiety or stress, or emotional problems. They were also proposed some support for learning how to read by teachers.

I was amazed to see how the school looked so peaceful and how the team was dedicated to and concerned by the well-being of their students. In fact, their objective was to tackle the problems at its roots in order not for it to grow and turn into misbehaviour or behavioural disorder, or even failure at school. To them, expelling a child would be the least thing to do, their objective being to keep him at school. They also worked a lot with the parents of the teenagers that they were assisting.

I was also impressed by the fact that these measures put in place at Linwood followed the real concern of the Scottish government to tackle poverty, educational  and social issues, through their program called “Tackling the attainment gap by preventing and responding to Adverse Childhood Experiences (ACEs) ».

In the document produced by the NHS and given to us by the other depute Head it is mentioned that :” Toxic stress from adverse childhood experiences affects our physiology which can undermine the  ability to form relationships, regulate emotions, and can also impair cognitive functions. This potentially has significant implications for a child’s ability to engage at school and will most likely result in difficulties with processing information, ability to organise self and work, transitions, and working with others.”[1]

In the same document, it is also mentioned that “the importance of tackling a holistic approach to children and young people who may have or are currently experiencing adversity is required if relationships with teaching staff are to support effective learning in school. It requires taking account of all the factors which may be affecting a child or young person and recognising the central importance of relationships. It is proposed that such a child-centred,  ACE-informed, rights based approach, which is founded on an understanding of brain development and attachment theory, will contribute to the achievement of children and young people in school.”[2][3]

To me it was a revelation, because I had been thinking of the same issues for many years, but didn’t seem to be understood by some colleagues. To hear about that policy made me think that… I was not wrong. Something had and still needs to be done in France in order to secure the school achievement of some troublesome teenagers or those facing learning issues.

This made me even more determined to see that program implemented in France and to do my best in order to see it implemented in my school, provided I got the help and consent of my head, for the next school year.

I wish to thank this European Program for enabling me to discover how some important educational issues can be dealt with, how efficient a country can be in its policy to tackle poverty, learning and emotional problems and how that model could benefit other countries of Europe facing the same issues.

[1] Tackling the attainment gap by preventing and responding to Adverse Childhood Experiences (ACEs). NHS Health Scotland, The Scottish Adverse Childhood Experiences Hub, p. 5
[2] Op, Cit. P. 6
[3] Source:  www.healthscotland.scot