Quatre membres de la communauté éducative du lycée Nadar (J-M Ronceray, Pr de Lettres-Histoire, S. Dia, surveillant, B. Bacame, Pr d’Eco-Gestion, S. D’Hoinne, secrétaire), se sont rendus à Espoo, en Islande, pour un séjour d’observation au sein du centre de formation Omnia, du 13 au 15 janvier 2019.

« J’étais curieuse de connaître le système éducatif des pays du Nord, souvent pris en exemple »
Brigitte Bacame, professeure d’Eco-Gestion au lycée Nadar

J’ai eu la chance de participer au programme Erasmus + en janvier 2019 avec trois collègues du lycée. Notre mission était d’aller à la rencontre d’enseignants finlandais dans un établissement scolaire situé à Espoo pour partager et échanger sur les systèmes éducatifs français et finlandais.

Espoo, située à 15 kilomètres d’Helsinki, est la deuxième ville de Finlande. Omnia est un centre de formation destiné à de jeunes élèves à partir de 16 ans et aux adultes en reconversion. L’âge des étudiants va de 16 ans à 60 ans et 90 nationalités y sont représentées.

Notre rencontre a débuté par la visite du centre de formation et la transmission d’informations sur le système éducatif finlandais. Le centre est un organisme privé financé par des entreprises et par le gouvernement à hauteur de 90 %. Il est constitué de salle de cours puis de grands ateliers représentant une situation professionnelle. Pour exemple, ils ont reconstitué un jardin afin que les élèves paysagistes y travaillent, un salon de coiffure afin que les élèves puissent pratiquer ou encore un restaurant d’application Chaque salarié du centre de formation avait la possibilité de profiter du salon de coiffure ou encore du restaurant à des prix défiant toute concurrence. Nous avons nous-mêmes déjeuné au restaurant d’application.

Les formations dispensées au centre : Paysagisme, Menuiserie, Charpente, Couture, Coiffure, Esthétique, Management, Restauration. Chaque formation comprend des matières générales telles que le finois, le suédois, les mathématiques. Les formations se font essentiellement en alternance. 80 % du temps est en entreprise, le reste au centre de formation. Les entreprises qui participent au financement du centre sont les premières à prendre des élèves en apprentissage.

Les élèves intègrent le centre après le collège (middle school), à 16 ans. 46% des élèves ont choisi d’être en filière professionnelle pour apprendre un métier. Les adultes en reconversion peuvent intégrer toute l’année le centre pour plusieurs années ou quelques mois suivant leur projet professionnel.

La particularité du système finlandais est que l’apprenant, quel que soit son âge et son niveau scolaire, est au cœur du système éducatif, il a le choix de sa formation et n’a pas de délai pour la terminer. Le cursus peut être initialement de deux ans, mais l’élève peut tout à fait suivant son niveau ou ses envies et terminer la formation au-delà des deux ans initiaux, sans que cela soit considéré comme un redoublement. L’essentiel est que l’apprenant se forme et trouve sa voie et un métier. Le slogan d’Omnia est : Every thing for every one ! Do what you do ! En effet, un élève, une fois sorti du collège, peut intégrer Omnia sans aucun projet professionnel défini. Le parcours proposé par le centre de formation lui permettra au fur et à mesure d’affiner son projet.

Le parcours de l’élève (adultes compris) est composé de 5 phases :
1e : présentation du programme et son objectif
2e phase : accompagnement de l’élève : découverte de la formation et des différents métiers possibles durant dix semaines
3e : mise en relation entre l’enseignant et l’entreprise
4e : période de stage en entreprise
5e : évaluation.

Les apprenants sont accompagnés par des conseillers correspondant au conseiller d’orientation en France, ce dernier coache et fait des points réguliers avec l’apprenant pour l’aider à découvrir a voie. La recherche de stage et d’entreprise est réalisée par l’élève avec l’aide du coach. Les enseignants sont uniquement chargés de dispenser les cours.

Nous avons eu l’occasion d’aller dans un atelier menuiserie et échanger avec un adulte en reconversion. Ce dernier travaillait avant dans le milieu du théâtre et il a voulu changer de voie et devenir menuisier.

Cette expérience de passeurs en Finlande a été très enrichissante pour moi, j’étais curieuse de connaître les pays du Nord, surtout leur système éducatif, qui est souvent pris pour exemple par la France par rapport à ses bons résultats.


« Ce voyage a été une bouffée d’air frais et un moyen de tisser des liens entre collègues de travail »
Souleymane Dia, surveillant au lycée Nadar

L’ouverture européenne des établissements est aujourd’hui une réalité accompagnée par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le projet « Passeurs » est un projet de mobilité d’adultes en Europe financé par le dispositif Erasmus +.

Ce projet nous a permis d’aller en stage d’observation dans un établissement professionnel finlandais par le biais d’Omnia, qui est un organisme finlandais de promotion de l’enseignement professionnel se situant à Espoo, deuxième ville de Finlande située à 15 km d’Helsinki.

L’organisme finlandais Omnia, situé à Espoo, qui nous a accueillis, est un établissement proposant diverses formations du collège aux études supérieures en passant par la formation pour adultes et l’apprentissage.

Nos deux jours d’observation étaient structurés ainsi : matinée, présentation du système éducatif finlandais, après-midi, visites d’observation dans les classes et les ateliers de formation.

Deux idées sont ressorties de notre séjour : la place de l’élève dans le système éducatif finlandais ; l’apprentissage tout au long de la vie.

La place de l’élève dans le système éducatif finlandais

Le plus marquant en Finlande est que l’État et les collectivités locales se partagent la responsabilité du financement de l’enseignement. Leur système éducatif pointu met l’accent avant tout sur la valorisation du potentiel de chaque élève car l’orientation scolaire est perçue comme essentielle.

Les activités d’orientation et de conseil visent ainsi à soutenir, à aider et à orienter les apprenants afin qu’ils puissent obtenir les meilleurs résultats possibles dans leurs études et prendre les décisions correctes et appropriées concernant leur formation et leur choix de carrière.

Par ailleurs, la formatrice, Mme Lehtinen, nous a expliqué qu’au lycée, le programme est conçu pour durer trois ans, mais que les étudiants ont la possibilité d’accomplir leur cursus en deux ou quatre ans et que chaque formation professionnelle inclue un stage d’apprentissage de six mois minimum en entreprise.

Les études en Finlande sont organisées en modules et non en classes d’âge. Ainsi les étudiants peuvent fixer librement le rythme de leurs études. L’échec scolaire est un langage banni de leur vocabulaire puisque chaque élève évolue à son rythme.

L’élève étant au cœur du système finlandais, c’est un élève heureux, épanoui, libre de se développer à son rythme, qui acquerra plus aisément les savoirs fondamentaux pour son évolution. La Finlande respecte profondément les savoirs, mais elle respecte encore plus les individus qui souhaitent les acquérir.

Un enseignant d’Omnia nous a expliqué que « chaque élève est important ». En effet, les professeurs finlandais cherchent avant tout à aider les élèves à apprendre et ils sont enchantés de pouvoir leur rendre service afin de les aider à progresser et à atteindre leurs objectifs.

A titre d’exemple, en visitant l’atelier de jardinerie, nous avons pu rencontrer une élève restée après les cours et travaillant seule dans l’atelier. Le professeur nous a expliqué que l’élève lui avait demandé de l’aide pour pouvoir progresser, proposition que son professeur avait acceptée.

Lors des visites des classes, nous avons eu également le sentiment que les élèves avaient plus de liberté car ils pouvaient conserver leur couvre-chef et sortir de cours pour répondre à un appel téléphonique.  Le seuil de tolérance des professeurs finlandais est très élevé par rapport à leurs homologues français puisque ces petites libertés auraient entrainé des sanctions immédiates en France.

Les élèves ayant des besoins éducatifs spécifiques se voient établir un plan pédagogique individuel qui définit de manière détaillée la qualification à acquérir, les exigences requises et les mesures de soutien offertes à l’élève.

Un formateur nous disait que leur objectif premier n’était pas l’enseignement mais de faire en sorte que les étudiants soient de bons citoyens.

L’apprentissage tout au long de la vie

Les apprenants ont toujours la possibilité de poursuivre leurs études. La reconnaissance des acquis permet d’éviter la redondance de celles-ci. La politique en matière d’éducation pour adultes a pour objectif d’assurer disponibilité et compétence de la main-d’œuvre, d’offrir des possibilités d’éducation à l’ensemble de la population adulte et de cimenter la cohésion sociale et l’équité. Ces objectifs se veulent, en outre, un soutien aux efforts visant à prolonger la vie active, augmenter le taux d’emploi, améliorer la productivité, créer les conditions d’un apprentissage tout au long de la vie et promouvoir le multiculturalisme.

En visitant l’atelier de menuiserie, nous avons fait la connaissance de deux adultes de plus de quarante ans.  Le premier a été aperçu au fond de la classe, avec deux jeunes. Quand nous nous sommes approchés de lui, il nous a indiqué en souriant être un élève. Le second nous a expliqué sa reconversion : il a quitté le milieu de la mode pour la menuiserie.

Pour conclure, ce voyage nous a redonné une bouffée d’air frais et nous permis de nous ouvrir à d’autres contrées pour essayer de comprendre la réussite du système éducatif finlandais. Il nous apparaît que la réussite du système français devra passer par l’enracinement dans les valeurs profondes françaises et par l’ouverture aux autres comme ce qui se fait de bon dans d’autres pays.

J’encourage tous mes collègues à participer, ne serait-ce qu’une seule fois, au projet « Passeurs » car c’est un moyen efficace de tisser des liens entre collègues de travail et surtout d’effacer les tensions et les a priori que l’on pouvait avoir sur ses derniers. En effet, voyager avec des collègues peut se faire avec certaines réserves au début, car si le voyage se passe mal, l’ambiance au travail ne sera plus la même. Avec ce voyage, j’ai ainsi compris que les échanges interculturels permettaient l’apprentissage mutuel des autres et qu’une expérience bien menée pouvait permettre de nouer des liens précieux pour l’ambiance au travail.

Le seul bémol est qu’un séjour de deux jours est trop court pour pouvoir tisser des liens avec les collègues finlandais et donc établir un partenariat avec cette structure pour que notre établissement puisse avoir un plus grand rayonnement européen. Il serait donc judicieux d’accueillir à notre tour nos homologues finlandais au lycée Nadar pour créer ce partenariat.


Pour en savoir plus sur ce séjour