Un groupe de trois membres de l’équipe éducative de Nadar (K. Chartier, Pr d’Eco-Gestion, C. Olivette, Pr d’Anglais, et M. Bouhamidi, CPE) a participé à la formation « Narrative coaching and guidance », dispensée à Copenhague (Danemark) du 5 au 9 Février 2018.

« Une démarche constructive qui valorise l’individu et permet de créer un climat plus serein »
Récit collectif par C. Olivette, K. Chartier et M. Bouhamidi

Impatientes de partir à la découverte d’une nouvelle théorie mais aussi d’une capitale européenne que nous ne connaissions pas, nous étions malgré tout inquiètes du niveau d’anglais après la lecture des documents, envoyés au préalable par notre formatrice, qui présageaient d’un anglais « high level » !

Nous ne nous étions pas trompées : en arrivant au Danemark, nous avons immédiatement constaté que tous les Danois parlent parfaitement anglais. Nous découvrons une population calme, ouverte et très accessible.

Nous en profitons, et ce tout au long de la semaine,  pour découvrir la ville sous un soleil éclatant ou de nuit, mais aussi dans un froid de canard. Copenhague est une ville très vivante, culturellement bouillonnante et dynamique. Elle est peu bruyante, cela s’explique peut-être par le peu de voitures qui circulent, les Copenhaguois se déplaçant principalement à vélo. D’ailleurs, une certaine vigilance est obligatoire pour les piétons car un accident est vite arrivé.

Sous des airs très froids, les Danois sont très chaleureux et discutent volontiers de leur ville dont ils sont fiers. Ils correspondent d’ailleurs aux stéréotypes que nous avons sur les habitants des pays nordiques : grands, blonds, minces et sportifs. Les gens ont l’ai bien dans leur peau et ont confiance les uns dans les autres. Les poussettes et les vélos sont laissés dans la rue sans parfois être attachés ! Les enfants passent leur récréation à jouer en dehors de l’école.

La formation a d’ailleurs eu lieu dans un centre culturel intergénérationnel au centre de la ville.

Lene, notre formatrice, est une psychologue danoise ayant intégré la société In Dialogue depuis quelques années. Elle nous informe d’emblée que le cours « Narrative coaching » est son préféré, même s’il reste le plus compliqué.

Nous rencontrons les participants : des Italiens, des Espagnols, des Belges, une Suédoise, une Finlandaise et une Portugaise. L’ambiance est joyeuse et cordiale, et une musique européenne, « franspanobelgoitalofinoise » résonne dans le centre.

Les deux  premiers jours, Lene nous expose les principaux axes de la théorie : l’humain essaie de donner du sens à ce qu’il vit et  lorsqu’il n’y en a pas, il doit en créer. Dès lors, l’homme explique les événements qu’il traverse par le biais de ce qu’il se raconte de lui-même (ou de ce qu’on lui a raconté) : « Je suis quelqu’un de timide, cela est mon identité. Je ne peux pas prendre la parole en public ». Le coaching narratif propose une déconstruction des relations de pouvoir dans lesquelles l’individu se sent isolé et enfermé face à son problème, puis la reconstruction d’histoires alternatives dans lesquelles les individus retrouvent une relation avec leurs rêves et leurs aspirations : « Je suis aussi une personne très créative et j’aimerais partager mes idées avec mes collègues ».

Un des grands points forts de l’approche narrative est de savoir guider l’individu dans la recherche et la reconnexion avec ses ressources cachées, celles qui n’ont pas été prises en compte au regard de leur histoire « dominante ».

Pour l’ensemble des participants, comprendre la théorie a été très laborieux. Nous avons à cette occasion renoué avec ces sensations d’élève perdu et n’osant demander une explication supplémentaire à la formatrice et ne pas comprendre fut épuisant.

Les exercices pratiques, très nombreux, ont permis d’éclaircir la méthode et de commencer à prendre du plaisir. Au début, nous avons travaillé en binôme, en se questionnant d’après la méthode (internaliser puis externaliser le problème, interviewer le problème, ses succès, ses faiblesses…)

Les exercices se complexifient au fur et à mesure que les différentes notions sont intégrées : déconstruction d’un problème par l’externalisation, la détermination d’un champ  d’action (ce qui motive les personnes à agir dans une situation donnée), la réécriture d’une histoire ; le partage par une personne de son expérience à un groupe, la restitution par des témoins des aspects qui les ont touchés et une restitution des points forts et des points d’amélioration de la personne, lui permettant de se voir avec un nouveau regard et de trouver en elle-même la solution.

Cette approche nous semble pertinente pour aborder des problématiques diverses dans une démarche constructive qui valorise l’individu et permet de créer un climat plus serein. Il ne nous reste plus qu’à la mettre en place au sein du lycée !


« Cela m’a fait un bien fou de me remettre dans une position “d’apprenante” »
Myriam Bouhamidi, CPE au lycée Nadar

Cette technique, qui est en réalité une branche de la psychologie et une vraie thérapie à long terme, m’est utile au quotidien en tant que CPE. J’arrive, en utilisant la conversation externalisante notamment, à trouver des issues dans le dialogue avec les élèves. Cela enrichit ma pratique professionnelle, au niveau théorique, mais également pratique. Néanmoins, cela reste une initiation.

Ce voyage à Copenhague a donc été doublement intéressant : j’ai découvert une ville magnifique, totalement différente de ce que je connaissais de l’Europe, mais aussi une théorie qui m’a permis de renouer avec un savoir plus universitaire, et cela m’a fait un bien fou de me remettre dans une position « d’apprenante ». J’ai pu de ce fait renouer avec des sensations d’élève. Non, ce n’est pas facile d’apprendre, de demander des précisions à l’enseignant ou d’avouer qu’on ne comprend plus, d’être quelque part soumis au regard de l’autre. Et j’ai 33 ans, alors à 15 ans… Je crois que cette expérience s’est révélée être la plus précieuse pour moi.

J’ai enfin appris sur moi grâce aux autres collègues, en étant au contact de gens différents dont les rêves, les aspirations mais aussi les difficultés ont résonné en moi ! Ce n’est jamais facile de se confronter à soi mais il y a tellement de belles choses à découvrir !


« J’ai apprécié le dépaysement, la rupture, les liens tissés, les échanges, les partages et la réactivation de l’anglais »
Karine Chartier, professeure d’Eco-Gestion au lycée Nadar

Tout d’abord, cette semaine a été pour moi une césure dans mon travail, une bouffée d’oxygène. En effet, elle est arrivée juste après la soumission du dossier Erasmus+ (ndlr : stages professionnels des lycéens de Nadar en Espagne et en Irlande) et a du coup été salutaire.

J’étais prête à partir mais j’avais quand même un peu de stress à l’idée de ne pas être capable de répondre à mes interlocuteurs. J’avoue avoir commencé à angoisser une semaine ou deux avant de partir. J’étais sûre que la compréhension ne me poserait pas trop de problème, en revanche l’interaction me faisait peur.

L’arrivée à Copenhague s’est faite sans encombre, nous avons facilement trouvé l’hôtel, puis nous avons profité de notre après-midi pour découvrir Copenhague et sa mythique sirène.  Découverte d’une ville haute en couleurs, calme et où ne circulent quasiment que des vélos. Le soir, à 19 heures, nous avions rendez-vous avec Lene, notre formatrice, et nos « camarades de classe » pour une semaine. Ce rendez-vous aurait valeur de test pour mon anglais ! Le soir, comme prévu, la compréhension ne posait pas trop de problème, même si certains mots me manquaient, je comprenais les phrases dans leur ensemble. Certains membres du groupe parlaient anglais parfaitement et d’autres avaient un accent, il fallait s’adapter. Je préparai une phrase de présentation ; j’avoue m’être présentée et avoir présenté mes attentes très brièvement, ne souhaitant pas vraiment me mettre en difficulté immédiatement.

Je ne pensais pas avoir à  parler autant en anglais. J’ai vraiment apprécié ceci ; je me suis rendu compte que cette expérience avait réactivé mon anglais. Au début de la semaine, je cherchais mes mots, mon anglais était peu fluide, je faisais de longues phrases pour essayer de me faire comprendre. Mais au fur et à mesure de la semaine, j’entendais des mots que j’avais appris et utilisés par le passé mais que j’avais oubliés et ils me revenaient et « s’imprimaient » de nouveau dans mon cerveau. Petit à petit, mon anglais s’est fluidifié et s’est précisé, même si je n’ai pas pas retrouvé le niveau d’anglais que j’avais par le passé, j’ai noté une progression. Enfin, la dernière nuit à Copenhague, j’ai rêvé en anglais et, bizarrement, je me suis réveillée dans la nuit « connectée » en anglais et je n’ai pas été en mesure de passer en français, ni même en espagnol. Cette situation s’est renouvelée la nuit suivante, de retour de Copenhague. C’était très étrange et déroutant.

Chaque jour, après les cours, avec Mmes Bouhamidi et Olivette, nous sortions découvrir et visiter Copenhague (cf compte-rendu commun ci-dessus).

La formation sur le Narrative coaching and Guidance m’a énormément intéressée. Cependant, elle est complexe et j’avoue ne pas totalement en maîtriser tous les rouages. Il va falloir que je travaille encore les méthodes de questionnements. Par ailleurs, même si nous avons vu qu’elle pouvait être appliquée à une classe entière, je ne me sens pas capable de la mettre en œuvre dans la classe. Je pense que le narrative coaching s’applique plus facilement en face à face avec un élève, lorsque je les rencontre en dehors du cours, suite à un souci dans la classe. Maintenant, comme nous l’avons expliqué précédemment cette technique est un outil de psychologie et demande une certaine maîtrise que je n’ai pas. Mais je pense pouvoir utiliser les questions externalisantes proposées par Lene dans le cadre de la formation.

Enfin, cette expérience était enrichissante culturellement, nous avons été en contact avec six nationalités européennes, nous avons pu faire des partages d’expériences, comparer nos différents systèmes éducatifs, nous rendre compte que quel que soit le pays, nous avons tous les mêmes problématiques en ce qui concerne les élèves et nous avons partagé nos pratiques pédagogiques.

J’ai vraiment apprécié cette expérience pour son dépaysement, la rupture qu’elle m’a apportée, les liens qu’elle nous a permis de tisser, les échanges, les partages et la réactivation de l’anglais. C’est une expérience que je recommande chaudement et que je serai tout à fait prête à réitérer si la possibilité se représentait.


« A very rich experience »
Carole Olivette, professeure d’Anglais au lycée Nadar

The seminary « Narrative Coaching »  is a socio-constructivist approach which focuses on different stories around a topic or issue. It was a very dense but interesting course on how to deal with and question  issues.

Through that approach, I learnt not to narrow a person in one story but to see her through other aspects of her life/ enlightening the things that she doesn’t see , enabling her to focus on her strenghts and see what skills, tools and solutions she has to face a problem. This method could be very useful to us as teachers not to narrow our students to their behaviour or to one aspect of their lives. And some methods (externalisation or witnessing) could be used to tackle issues and see the motivations of people’s acions in order to deal with problem solving.

It was a very rich experience, which enabled us to share with other people from Europe, and see that the issues are mainly the same.

Seminaire narrative coaching au Danemark C Olivette