Erasmus+ 2018 : stage de janvier à Copenhague

Un groupe de cinq professeurs de Nadar (M. El Karouni et L. Lavit, Prs de MEI, C. Breton, Pr d’Eco-Gestion, B. Vignal, Pr de Maths-Sciences, A. Cluniat-Garreau, Pr de Lettres-Anglais) a participé du 16 au 19 janvier 2018 à un stage à Copenhague (Danemark). Le thème de cette formation : «Inspirer l’apprentissage et faciliter la formation» .

« Aider nos élèves à être de plus en plus acteurs de leur apprentissage  »
Mimoune El Karouni, professeur de MEI à Nadar

La formation à été menée par Lene O. Mogensen, psychologue et spécialiste en leadership et développement organisationnel. Lors de celle-ci nous avons eu le plaisir de rencontrer des professionnels de l’éducation ainsi que des représentants du monde associatif et tous sont confrontés aux difficultés liées à l’apprentissage d’apprenants et/ou à l’acceptation et au respect des minorités notamment LGBT.

Mme Lene Mogensen a su mettre au travail l’ensemble des participants en privilégiant les échanges d’expériences, des travaux pratiques d’analyse de situations conflictuelles et de questionnements. Elle a permis à tous de s’approprier et de développer des outils de travail qui pourront être utilisés dans notre milieu professionnel et personnel.

Les principaux thèmes abordés :
– Théorie de la construction systémique appliquée à une structure sociale
– L’apprentissage et les représentations mentales de l’individu
– Mise en situation pour comprendre le processus de facilitation lors d’une situation conflictuelle
– Dialogue, pouvoir du questionnement et les domaines d’action

La semaine intensive de travail a permis de constater des différences de méthodes de travail mais également une difficulté commune à tous : mettre au travail nos élèves et faciliter leur apprentissage ainsi que lutter contre les discriminations.

Tous les outils mis en place nous aideront progressivement à améliorer nos pratiques et nous tacherons ainsi d’aider nos élèves à être de plus en plus acteurs de leur apprentissage.


« Découvrir d’autres habitudes, d’autres façons de penser pour en venir à modifier les nôtres »
Ludovic Lavit, professeur de MEI à Nadar

Sur le plan personnel, ce séjour fut une expérience largement positive et très enrichissante. Le plus grand apport de ce séjour fut de vivre en immersion totale et de côtoyer non seulement les habitants mais également des collègues Erasmus+. Le contact avec autant de personnes différentes a eu une influence positive sur moi et sans m’en rendre forcement compte, j’ai changé certains automatismes que j’avais. En découvrant d’autres habitudes, d’autres façons de penser, on en arrive à modifier la nôtre.

La découverte d’un nouveau pays, d’une nouvelle mentalité est pour moi une source de nouvelle motivation. Cette formation m’a permis d’être en contact avec différents types d’acteurs de la mobilité (enseignants, principales, conseillers, personnes d’associations…) de confronter leurs points de vue suivant des situations. De nouvelles perspectives peuvent être apportées à mon enseignement grâce à toutes ces informations précieuses recueillies lors de cette formation.

Du point de vue « professionnel », j’estime avoir eu une expérience hors du commun compte tenu de la qualité des cours que j’ai pu suivre durant cette semaine. Concrètement cette expérience m’a donné envie de poursuivre et je songe donc très sérieusement à effectuer l’année prochaine la DNL anglais pour pouvoir intégrer les nouveaux projets et améliorer mon niveau d’anglais.

Mes meilleurs souvenirs de cette semaine resteront à jamais les rencontres que j’y ai faites et la bonne ambiance entre collègues du lycée dans un autre contexte que celui de l’établissement.

La formation était axée sur les éléments suivants :
– compréhension de la construction sociale,
– apprentissage de la conduite d’une intervention appréciative dans un projet de changement,
– aperçu des éléments du dialogue appréciatif qui font la différence :
o la séparation du dialogue,
o le pouvoir des questions,
o les domaines et les phases d’actions
– des exercices pratiques à appliquer directement dans ma profession et une réflexion
– la capacité de planifier et de faciliter les processus de leadership appréciatif
– une chance de regarder et de réfléchir sur ma propre réalité et de me positionner en tant que facilitateur de changement et d’apprentissage.


« Notre vision de l’autre nous apprend au moins autant, si ce n’est plus, sur nous que sur l’autre »
Aurélie Cluniat-Garreau, professeure de Lettres-Anglais à Nadar

Comme tout voyage à l’étranger, mais peut-être même plus, cette formation de cinq jours à Copenhague m’a permis de grandir, certainement de faire évoluer ma vision de la vie (qu’elle soit professionnelle ou privée) et de rendre la relativité qui leur est due aux « vérités vraies » qui nous constituent et que l’on scande notamment lorsque nous tenons à défendre un point de vue qui nous tient à cœur et qui, semble-t-il, nous façonne et fait de nous ce que nous sommes.

Mon compte-rendu se divisera en trois points : tout d’abord, je parlerai du cours à proprement parler, ensuite des échanges entre collègues que le cours a suscités et, enfin, de l’apport personnel que j’en retire aujourd’hui et que je compte faire perdurer dans l’exercice de ma profession.

Je n’aborderai pas en détails le cours que nous avons suivi, ce qui n’aurait, à mon sens, que peu d’intérêt. La tentative serait plutôt de lier l’approche, la gestion et le contenu du cours avec ce que j’ai pu en retenir tout en gardant l’aspect chronologique du séjour.

Nous avons été accueillis le premier soir (lundi 15 janvier 2018) par Lene, notre formatrice, autour d’un verre de bienvenue. Ce fut l’occasion pour chacun des participants de se présenter à tour de rôle. Le groupe se composait de quinze personnes. Seules deux origines professionnelles se dessinaient : soit les participants travaillaient dans le monde de l’éducation dans le secteur public ou privé (des professeurs, un proviseur, des conseillères pour professeurs), soit les participants travaillaient dans le social et, plus précisément, dans le domaine de l’intégration de la communauté lesbienne-gay-bi-sexuelle-transexuelle (LGBT) dans notre société. De plus, nous avions six pays représentés : l’Irlande, l’Allemagne, la Belgique (les Flandres uniquement), le Portugal, l’Italie et la France (nous).

Le deuxième jour et le troisième jour, Lene nous a permis peu à peu de nous connaître grâce à des jeux « briseurs de glace » (ice-breakers). Puis, elle nous a expliqué la théorie de l’approche systémique en l’opposant à l’approche moderniste. Ainsi, selon l’approche moderniste (qui est paradoxalement l’approche traditionnelle qui a été appliquée pendant longtemps depuis des siècles et qui l’est toujours) de manière générale, nous postulons que chaque « chose » peut être séparée et distinguée clairement d’une autre. Cette vision linéaire aboutit à l’existence d’un seul et même univers qui serait commun à tous et établit le postulat que l’objectivité est atteinte dès lors que que nous nous posons en tant qu’observateur d’un fait. La langue est alors un outil de représentation par lequel nous pouvons transmettre cette objectivité. L’approche systémique (dite aussi constructionniste lorqu’elle est appliquée au domaine social) tente d’étudier, en revanche, les liens entre les choses et s’appuie sur le fait que les choses ne peuvent être définies qu’en relation par rapport aux autres. La langue devient alors un moyen d’exprimer et de définir les choses  selon un certain point de vue, celui du locuteur. En effet, pour une même histoire, les différents protagonistes peuvent en rendre compte grâce à des mots différents qui permettent de traduire des points de vue bien distincts voire divergents et surtout des ressentis différents.

A mon sens, ces deux points de vue sont opposables en théorie uniquement car je les conçois comme étant complémentaires. Si, d’une part, on ne peut nier la subjectivité de tout propos, pensée, postulat, cela ne nous empêche pas de désirer une certaine objectivité et d’essayer de tendre vers elle, notamment lorsque l’on étudie des notions ou des faits afin d’essayer de comprendre leur fonctionnement. Cette objectivité restera une théorie, une tentative mais l’effort de distanciation permet de prendre du recul, de remettre en question une étude, un postulat et justement d’essayer de comprendre où se situe notre propre subjectivité. Cet apport théorique fut, pour moi, un rappel puisque j’avais déjà étudié ces approches à l’université lorsque je suivais des études de Sciences du Langage et, plus particulièrement, lors de l’étude du Cours de Linguistique Générale de Ferdinand de Saussure, linguiste perçu comme le précurseur de l’approche systémique.

Le quatrième jour, nous avons eu l’occasion d’appliquer la théorie lors d’études de cas concrets. Il s’agissait, dans une situation conflictuelle ou « stérile » donnée, d’arriver à comprendre le point de vue de l’autre, imaginer son ressenti en essayant de se mettre à sa place tout en ayant, en amont, compris et expliqué notre vision des choses et formulé notre propre ressenti. Cette démarche permet de relativiser le ou les problèmes rencontrés, de prendre de la distance afin de prendre en compte tous les tenants et les aboutissants qui ont pu donner lieu à ladite situation et de voir comment, même en agissant avec de bonnes intentions, on peut alimenter soi-même le conflit ou la stérilité d’une situation.

Encore une fois, cette expérience ne m’a pas montré un « nouveau chemin à emprunter » pour envisager les problèmes que l’on peut rencontrer dans nos différents types de relations (avec nos élèves, nos collègues, nos supérieurs ou dans notre vie privée) mais n’a fait que renforcer cette manière de voir que j’avais déjà en moi dans ma vie quotidienne comme professionnelle. Il est important de se rappeler qu’une vérité unique et suprême ne peut exister puisque toute vérité dépend de celui qui l’affirme, de son passé, sa culture, sa fonction professionnelle, sa compréhension de la réalité et sa manière de l’exprimer. Ainsi, dans un conflit, nous pouvons avoir plusieurs visions qui se rencontrent, s’affrontent et, sans effort d’empathie de la part d’au moins un des protagonistes, la situation reste et restera stérile et sans solutions. Pourtant, la solution est parfois à notre portée, en nous, il nous suffit juste (mais c’est là que réside toute la difficulté) de nous positionner différemment et envisager les choses d’un autre point de vue.

Le cinquième jour fut le jour du bilan. Nous avons dû, à l’aide d’un questionnaire auquel nous devions tous répondre, essayer de résumer ce que nous pouvions retirer de cette semaine de formation et aussi reformuler ce que les autres avaient retenu. Cet exercice fut très enrichissant puisqu’il nous a forcés à « écouter activement », reformuler et restituer.

Toutes ces réflexions ont fait de cette semaine de formation une semaine riche en partage avec mes collègues que je ne connaissais réellement que dans le cadre professionnel du lycée Nadar. En effet, le fait de se retrouver, certes dans le cadre d’un voyage professionnel mais en dehors des murs du lycée, sans élèves et en petit groupe, m’a permis de découvrir mes collègues sous un angle différent et surtout d’avoir le temps d’échanger sur nos pratiques, nos opinions, nos différents parcours…

Le sujet principal qui a occupé nos conversation est le sujet de l’orientation sexuelle et du genre. Cela fut suscité par le fait que les participants à la formation venaient soit du monde de l’éducation soit d’associations travaillant pour l’intégration de cette communauté dans nos différentes sociétés. Pour ma part, de par mon éducation, j’ai toujours été ouverte et ne suis que très peu étonnée d’entendre quelqu’un se revendiquer de telle ou telle identité sexuelle car je comprends et surtout je constate que notre société n’offre pas un grand choix et que certaines personnes ne se retrouvent pas dans « les cases » que la société propose. Aussi, lorsqu’un(e) des participant(e) a dit qu’iel (il s’agirait du pronom sans genre ou comprenant les deux en français) ne désirait pas référencé(e) dans un des deux sexes et a demandé à ce que l’on dise they lorsqu’on parlait d‘iel, je fus certainement surprise au début, non pas parce que la personne ne se reconnaissait ni dans le genre féminin, ni dans le genre masculin mais plutôt car il me fallait dire de fait they is au lieu de they are, ce qui, je pense, a choqué mon âme de linguiste plus qu’autre chose. Bref, tout ceci a occupé nos discussions, certains s’interrogeaient sur la pertinence et l’importance de tout cela même si, au final, nous étions tous d’accord sur le fait qu’il faut que chacun puisse s’exprimer et s’affirmer dans une société qui avance, certes, mais dont les mentalités sont parfois lentes à se mouvoir. C’est d’ailleurs ce que nous constatons chez nos élèves. Malgré, aujourd’hui, la possibilité pour tout type de couple de se marier, nous sommes confrontés aux insultes homophobes de manière assez régulière et les discussions avec les élèves ressemblent souvent à des graines que l’on sème en espérant qu’elles germent et qu’elles fleurissent un jour.

Enfin, nous avons aussi échangé sur le contenu de la formation et il me semble que nos avis se sont retrouvés sur le fait que nous tentons énormément, dans la mesure du possible, de nous mettre à la place de nos élèves afin de les comprendre dans des situations compliquées, ou même de nos collègues lors de désaccords ou de fonctionnements différents. Il s’agit, maintenant, de garder cela en tête le plus souvent possible même si, pris dans le flot de notre activité, nous agissons parfois un peu trop vite, sans faire preuve de réel discernement et sous le coup de l’énervement.

Pour ma part, je retiendrai de cette semaine passée à Copenhague que l’objectivité n’est qu’une théorie et que toute vérité est relative. Ces postulats sont fondamentaux dans l’exercice de ma profession puisqu’ils ouvrent des portes et permettent de trouver des solutions aux problèmes que je peux rencontrer au quotidien dans mon travail. Bien que je sois souvent poussée à poser un cadre afin que mon enseignement se déroule dans les meilleures conditions possibles, j’ai remarqué que c’est par l’écoute des autres que j’arrive, au final, à construire un climat propice à l’apprentissage. Cela peut parfois prendre du temps, cela demande souvent d’avoir des discussions de manière répétée mais il s’agit de perdre du temps pour enfin en gagner. Comprendre l’autre est le fondement d’une relation pérenne et sereine et nos élèves ont besoin d’être compris, entendus et, surtout, d’avoir confiance. Il me semble que ce n’est qu’alors que nous pouvons leur transmettre la curiosité, l’envie d’apprendre et, enfin, l’amour d’une matière.

Je retiendrai aussi la manière de faire de notre formatrice qui, à chaque fois que nous avions terminé un atelier, arrivait à synthétiser, sur des posters qu’elle affichait ensuite dans la salle, le résultat de notre travail. Il est important qu’un apprenant se rende compte de son avancée et cette pratique serait, il me semble, très intéressante avec nos élèves. Je suis, cependant, encore en réflexion sur les modalités d’application au sein de ma salle de classe de ce genre de compte-rendu étant donné le nombre de classes différentes qui passent dans ma salle et la bivalence de mon enseignement.

Pour finir, je ne pourrais qu’encourager mes collègues à prendre part à un projet similaire à celui-ci. Un voyage, qu’il soit à l’étranger ou même dans son pays, permet, par le déplacement physique, de se regarder puisque nous regardons les autres avec notre œil plein de notre culture, de notre vécu, de notre position sociale et professionnelle. Somme toute, notre compréhension et notre vision de l’autre nous apprend au moins autant, si ce n’est plus, sur nous que sur l’autre puisque nous nous servons de ce que nous avons vécu pour analyser, interpréter et parler des différentes façons de faire  et d’envisager la vie que nous découvrons.


« Un rafraîchissement intellectuel personnel et une évasion de mon cycle de travail routinier »
Baptiste Vignal, professeur de Maths-Sciences à Nadar

C’est au Kulturhuset Indre By (centre culturel), situé à quelques centaines de mètres de notre hôtel, que nous avons pu entrer en contact avec les personnes avec lesquelles nous allions échanger tout au long de la semaine. C’est donc autour d’un thé, d’un café ou d’une bière, en fonction des sensibilités de chacun, qu’un premier contact a eu lieu ce lundi 15 janvier et nous avons pu en apprendre un peu plus sur le background de chacun des participants à ce stage.

On pouvait dores et déjà distinguer deux catégories de participants : d’une part les membres du système éducatif (Maria Luisa Valentini et Matteo Baraldi, enseignants du côté de Modène, en Italie, Christel Verheyen, formatrice et conseillère pédagogique, Luk Dewilde, proviseur, et Ingrid Saelen, enseignante en Belgique, et notre groupe de professeurs français), d’autre part les membres d’associations diverses ayant des buts sociaux (Telmo Fernandes, représentant d’une association défendant les droits LGBT du Portugal, Alex De Gree représentante d’une association défendant les droits LGBT de Belgique, Sarah Nolan et Edel O’Halloran, représentantes      d’une      association      de   prévention « sexualhealth » d’Irlande, et Christof Andreis, psychologue d’Allemagne).

Lene, notre hôtesse, nous fit une brève présentation de la formation dans laquelle nous allions fonctionner par ateliers de petits groupes, où l’échange d’idées mais aussi l’écoute mutuelle seraient primordiaux pour le bon fonctionnement et la réussite de la formation. Le but étant de mieux comprendre la méthode du constructivisme social. Après avoir demandé d’exprimer tour à tour nos attentes, Lene les a représentées sous la forme d’un pommier sur un poster. Les attentes étaient vraiment diverses.

Chaque participant donna ensuite une liste des engagements que nous aurions à respecter afin que nous puissions travailler dans une ambiance saine et sécuritaire pour chacun :
– respecter l’espace personnel de chacun
– écouter sans juger
– faire preuve d’empathie et respecter la confidentialité

Par opposition à l’approche moderniste dans lequel il n’existe qu’une seule manière d’appréhender une situation (un univers), le constructivisme se concentre sur les différentes manières de percevoir ces situations (des multivers). Comme dans l’expérience du chat de Schrödinger où, tant que la boîte n’est pas ouverte, le chat est à la fois mort et vivant, ici chaque observateur modifie le problème puisque chacun d’entre eux n’a pas la même vision de celui-ci. Un exemple nous a été montré avec comme objet d’observation un simple cochon. Pour certains le cochon est de la nourriture, pour d’autres une source de revenus, un modèle, l’interdit, etc. Cette notion de multivers sert de base à l’approche constructiviste sociale. En effet chaque chose peut être perçue de manière différente en fonction de qui vous êtes, de votre passé ou de votre bagage social.

Pour bien aborder le schéma d’approche systémique il est nécessaire de faire un point sur les trois zones dans lesquelles peut se situer un « facilitateur », personne devant mener les entretiens en guidant les protagonistes sans intervenir personnellement. Ces trois zones sont les suivantes :
– zone personnelle : celle-ci est constituée de notre expérience personnelle et/ou professionnelle et de notre moralité. Associée à la phrase « Tu devrais faire ça »
– zone de production : celle-ci est constituée des règles, lois des parties, qui ne sont pas négociables. Associé à la phrase « Nous ferons ainsi »
– zone de réflexion : celle ci est constituée des perspectives et idées multiples, pas de notion de vrai ou faux. Associé à la phrase « Tu pourrais peut-être aussi faire ainsi ».

Il est important que chaque zone soit clarifiée au début de chaque échange. Ainsi définir ce qui est négociable ou non, qui prend les décisions, permettra de définir la zone de production. En restant dans ce cadre, le fait d’échanger les avis/idées sans chercher d’accord mettra en place la zone de réflexion. La zone personnelle est présente tout au long mais nous basculons constamment en zone de réflexion en étant réellement à l’écoute des autres. Là où ces trois zones se chevauchent on peut entrevoir une zone finale dans laquelle les décisions se prennent : la zone de production.

Pour un facilitateur le meilleur moyen de guider sans faire intervenir sa zone personnelle est d’utiliser des questions. Il en existe plusieurs types qu’il est bon d’utiliser au moment opportun.
Questions de clarification
Ces questions ont pour but de poser les bases de la situation. Elles doivent permettre d’élargir au maximum la situation qui nous concerne. Sans bien entendu ouvrir trop de possibilités.
Questions cycliques
Ces questions ont pour but d’explorer le schéma de la situation, de mettre en évidence qu’il existe une routine qui amène à la situation. Elles font appel aux émotions et ressentis de la personne
Questions miroirs
Ces questions ont pour but d’explorer le multivers, de faire prendre conscience à l’interlocuteur qu’il y a bien diverses façons d’appréhender la situation en lui proposant de se mettre à la place des autres.
Questions stratégiques
Ces questions ont pour but de clôturer l’entretien. Elles invitent l’interlocuteur à trouver ce qu’il peut changer, ce qu’il gardera de cet échange, quelles sont ses nouvelles idées.

En conclusion, cette formation enrichissante a été pour moi une expérience épanouissante. Tout d’abord échanger avec des personnes dans une langue étrangère a renouvelé mon envie d’utiliser plus souvent l’anglais dans mon enseignement mais aussi tout simplement ravivé des aptitudes que je n’utilisais plus que trop rarement. Ensuite, découvrir cette méthode d’approche de situations, conflictuelles ou non, m’a permis de me rendre compte que j’utilisais, si ce n’est tout, au moins une partie de cette méthode de manière autodidacte. Aujourd’hui elle paraît plus fluide et surtout j’ai des mots pour qualifier chaque étape et outils de cette méthode. La découverte de la culture danoise, très respectueuse des règles sans être conservatrice, représente également un rafraîchissement intellectuel personnel et une évasion de mon cycle de travail routinier non négligeable.


« C’est constructif d’avoir des remises à niveau et surtout d’échanger avec d’autres professionnels »
Christophe Breton, professeur d’Eco-Gestion à Nadar

1 h 20 pour aller de Juvisy à Charles de Gaulle et 1 h 30 pour arriver à Copenhague. Quand nous arrivons sur place le choc est simple, on dirait un stéréotype (encore un) : ils sont grands, ils sont blonds et ils font du vélo partout.

Avant de faire connaissance avec les autres membres de notre formation, nous déposons nos valises à l’hôtel et partons dans le froid et le vent découvrir le port de Nyhavn. La carte postale la plus connue de Copenhague. C’est beau et il fait très très froid, un vieux trois-mâts en bois est sur le bord du port, il semble qu’il a participé à des chasses au Groenland, notamment le fameux Polar Fox et Snow Hare. Une autre époque.

Enfin nous rencontrons « Lene », notre formatrice pour la semaine, ainsi que les autres participants : il y a un activiste LGBT portugais, deux assistantes sociales irlandaises spécialisées dans les LGBT, un principal de lycée catholique à Anvers, une inspectrice belge, une professeure d’allemand d’Anvers aussi, et une autre activiste LGBT de Belgique. Deux Italiens de Modène, professeurs de lettres et d’anglais, un psychiatre allemand spécialisé en LGBT qui vient de Francfort. Et bien sûr l’équipe du lycée Nadar. Le titre de notre formation est : « Inspirer l’apprentissage et faciliter la formation ».

Mardi, notre journée commence à 9 heures, nous élaborons les règles de travail de notre formation, nous parlons du programme et nous nous rendons compte qu’il y a un décalage entre nos attentes pédagogiques et celles des autres.

Le midi nous allons déjeuner entre Français dans un marché, il y a des stands qui proposent différentes cuisines. C’est le moment de parler ensemble et d’en rire.

L’après-midi nous comprenons mieux le programme et sommes assez rassurés de ce qui est présenté. En revanche, les activistes LGBT savent prendre la parole et quelquefois, ils monopolisent le sujet et la conversation.

Notre journée de travail s’arrête avec le soleil qui se couche, il est 16 h 30. Nous repartons en balade dans la ville. C’est vraiment dépaysant comme environnement. Les vélos sont partout et sont partout prioritaires.

Le mercredi est consacré aux théories d’approches des Modernes et des Constructionnistes Sociaux, puis nous voyons les bonnes intentions dans le dialogue, pour enfin finir par les trois domaines d’actions. Nous identifions le domaine personnel, le domaine de production et le domaine de réflexion par le biais de petits ateliers sur différents sujets, notamment l’identité, le questionnement et le fait de prendre la place de l’autre. Les sujets tournent majoritairement autour des inégalités et de la difficulté d’intégration des LGBT.

A 17 heures nous avons bien besoin d’un « welcoming drink » à l’hôtel, la journée a été intense.

Jeudi est consacré à des ateliers, toute la journée nous sommes répartis en petits groupes pour élaborer les différentes phases de notre processus ; à savoir, la phase d’ouverture, la phase d’exploration et la phase de clôture. A chacune des phases un groupe fait travailler et intervenir les autres. L’échange est dense et très productif, nous sommes vraiment impliqués et apprécions cet exercice.

Par exemple, il y a eu un atelier théâtre dans lequel deux hommes se tenant la main souhaitent entrer dans un bus. Le chauffeur et le poinçonneur refusent que ces hommes (sous entendu ces gays) se tiennent la main. Alors qu’un autre couple, femme et homme, dans le bus, regardent la situation. S’ensuit une phase de questions pour comprendre (de clarification et circulaire), puis nous demandons aux acteurs de se mettre à la place des autres, chacun leur tour. C’est très instructif et très apprécié par les participants.

Le soir nous nous retrouvons dans un restaurant végétarien, bio et sans gluten avec tous les participants. Nous passons une excellente soirée, dans la bonne humeur européenne.

Vendredi est dédié aux bilans de nos différents apprentissages et nos bilans individuels. Cette journée semble longue et notre formatrice, Lene, nous propose de partir marcher dans le froid pour réfléchir à ces nouvelles idées et techniques. C’est original et agréable. Mais je pense que j’ai pris froid à ce moment-là, en discourant avec Baptiste sur les grands sujets de ce bas monde.

Le vendredi soir, Mimoune et Ludovic repartent sur Paris et nous restons pour le week-end. C’est une autre histoire !

Mon bilan personnel est très positif, j’ai évalué mon niveau actuel d’anglais et je réalise que j’ai perdu en compréhension orale. Par ailleurs, cette confrontation avec des activistes LGBT, aussi intéressante soit-elle, me laisse un goût mitigé. Une participante souhaitait de la tolérance de la part des autres « communautés » non LGBT mais, en discutant longuement avec elle, il se trouve qu’elle est intolérante sur certain sujet. Certains diront que nul n’est parfait, mais est-on vraiment végétarien si un jour on mange un steak ? J’ai appris à faire attention aux appellations et surtout à leurs  significations.

Les techniques présentées et étudiées sont connues en lycée professionnel depuis longtemps, mais c’est constructif d’avoir des remises à niveau et surtout d’échanger avec d’autres professionnels sur ce sujet, surtout en prenant le temps de faire un travail bien fait.

Le psychiatre allemand a, lui, appris avec nous le jeu du tarot, et il s’est fait un plaisir de nous battre à de nombreuses reprises. Mimoune a aussi appris le tarot et réfléchit à devenir joueur professionnel.

C’était une excellente semaine européenne, je suis d’ores et déjà partant pour une prochaine session.

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