Trois professeurs du lycée Nadar (I. Fievet, Pr de Lettres-Histoire, M.E. Periac, Pr d’Eco-Gestion, et M. El Karouni, Pr de MEI) ont participé au stage « Passion for teaching » (la passion de l’enseignement) qui s’est déroulé à Linz, en Autriche, du 19 au 23 mars 2018.

« Une expérience enrichissante sur les plans linguistique, culturel, pédagogique et humain »
Isabelle Fievet, professeure de Lettres-Histoire au lycée Nadar

Après un long, long voyage (19 heures avec une découverte expresse et inattendue de Francfort), mes collègues, Mme Périac et M. El Karouni, et moi sommes arrivés à Linz (Autriche) pour suivre une formation de quatre jours en anglais sur le thème « Passion for teaching ». Le groupe était composé de six enseignants : trois enseignants français, une Finlandaise et deux Hollandaises.

Travailler au sein d’un petit groupe a été à mon sens très profitable. Je me suis rapidement sentie très à l’aise et l’ensemble des sujets abordés était centré sur un seul domaine professionnel : l’enseignement. J’ai particulièrement apprécié cet aspect car, outre la possibilité de parler anglais lors de cette formation, je souhaitais approfondir ma réflexion et mes connaissances professionnelles, processus amorcé il y a deux ans lors de ma reprise d’études en Master 2 Didactique de l’histoire-géographie. Par ailleurs, rencontrer des enseignants européens permet de mieux connaître le système scolaire des autres pays de l’Union européenne mais aussi de renforcer le sentiment d’appartenir à une même communauté.

Les journées étaient bien organisées. Le programme était à la fois bien calibré et assez soutenu. Chaque demi-journée était consacrée à un thème spécifique. Afin de comprendre plus aisément les aspects théoriques, nous étions répartis par groupes de deux ou trois pour effectuer des exercices. Ce travail en binôme/trinôme, réalisé à l’aide de questionnaires, a permis à la  fois de sonder de manière plus intense mes méthodes de travail et d’échanger en toute confiance avec les collègues. En effet, le fait de ne pas travailler quotidiennement avec les collègues européens a permis d’aborder les difficultés rencontrées au sein de nos établissements respectifs.

Étonnamment, les échanges (en anglais) avec les collègues de l’établissement ont été aussi plus directs, plus sincères et personnels : l’éloignement géographique du lycée permet des rapports moins « normés ». C’est donc une expérience que je recommande vivement et qui serait profitable à tous si nous pouvions généraliser ce type d’échange pour une journée de travail temporaire « hors les murs du lycée » à une échelle locale.

Le formateur a rappelé (un rappel plus que nécessaire après quelques années d’exercice) un certain nombre de points fondamentaux dans notre métier : prendre du recul, comprendre qu’il y a une multitude de points de  vue lors d’une situation de classe, échanger avec un élève après un incident, choisir ses mots avec précaution… Ces éléments nous ont progressivement permis d’aborder l’approche narrative, qui considère que l’identité d’une personne se construit à partir des histoires racontées à son propos, donc à partir des relations avec les autres. En effet, un questionnaire nous a fait réfléchir sur « l’histoire derrière l’histoire », en nous faisant prendre conscience que certaines situations problématiques dans notre pratique révèlent, voire réveillent, d’autres moments de notre histoire professionnelle et/ou personnelle. Afin de gérer et de comprendre ces situations, nous pouvons avoir recours à un questionnaire qui permet d’aboutir à l’externalisation du problème, donc à dissocier celui-ci de l’individu.

Cette technique a pour objectifs de percevoir autrement les difficultés, de responsabiliser l’individu et surtout de percevoir des solutions alternatives. Cette approche peut être employée lors d’entretiens avec des élèves afin de leur permettre de mieux comprendre la situation, leur comportement et d’envisager des solutions.

Ainsi, cette expérience a été enrichissante sur les plans linguistique, culturel, pédagogique et humain. Les exercices, les discussions entre collègues et les apports scientifiques du formateur m’ont permis de réfléchir  à ma manière d’enseigner, à mes pratiques de classe. J’ai pleinement profité de cette formation pour enrichir mes connaissances professionnelles et linguistiques. Suivre cette formation en anglais en Autriche a été plus difficile qu’échanger avec les collègues islandais lors du job-shadowing (lire ici). En effet, le registre de langue du formateur était assez soutenu lors des cours théoriques, notamment lorsqu’il a abordé l’approche narrative et  fait référence à des chercheurs. Cette formation ainsi que le job-shadowing, rendus possible grâce au programme Erasmus, ont fortement contribué à améliorer mon niveau de langue et mes connaissances.